lundi 6 octobre 2014

Effort et habitude


Tout début est exigeant. Commencer un nouvel emploi, un nouvel entraînement, apprendre une langue ou une nouvelle danse, s’initier au piano, au tennis ou au taekwondo, bref, acquérir une nouvelle habitude demande du temps et de l’énergie. Elle requiert un effort supplémentaire de notre part, car tout nouveau départ soulève un mouvement d’opposition.

L’effort se définit par le « fait de mobiliser et de mettre en œuvre toutes ses forces et ressources en vue de vaincre une résistance, d’atteindre un objectif » (1). Intrinsèque à l’adoption ou à la modification d’un comportement surgit inévitablement une résistance. C’est ce qu’on appelle la résistance au changement.

C’est là non seulement une notion freudienne, mais une loi fondamentale de la physique. La troisième loi de Newton en Mécanique classique portant sur le mouvement des corps, le principe des actions réciproques, stipule en effet que « tout corps A exerçant une force sur un corps B subit une force d'intensité égale, de même direction mais de sens opposé, exercée par le corps B » (2). En d’autres termes, pour toute action existe une réaction égale et opposée.

Créer une nouvelle habitude exige donc un effort physique et mental, requiert une discipline du corps et de l’esprit. Avant de passer à l’action, il faut d’abord faire des choix. C’est l’esprit, ou le mental, qui s’affaire à prendre les décisions quant à la nouvelle activité ou la modification d’un comportement en plus d’élaborer des stratégies d’exécution. Une fois établies, c’est le corps qui les met en œuvre et en pratique, concrétisant le plan d’action.

Comme « une fois n’est pas coutume », forger une habitude demande nécessairement plusieurs applications. Maîtriser un art ou une langue, entre autres, exige des heures de répétition. 

Or, initialement, reproduire le même comportement sans succès apparent soulève généralement de la frustration et du découragement. Cela peut éveiller un sentiment d’échec ou d’incapacité, faire ressurgir les insécurités les plus profondes. C’est habituellement durant cette période d’apprentissage et d’adaptation que les abandons ont lieu.

Toutefois, avec une bonne dose de motivation, à force de volonté, de détermination et surtout de répétition - « c'est en forgeant qu'on devient forgeron » -, on développe une accoutumance. Ancrée dans le corps et dans l’esprit, l’habitude s’installe dans la routine. Automatique et familière par définition, elle fait partie du train-train quotidien, ne requiert pratiquement plus aucun effort de notre part.

La perdre maintenant en exige tout autant. 

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(1) définition du dictionnaire
(2) Newton, I. (1995). De la gravitation; suivi de Du mouvement des corps. Paris: Gallimard.