lundi 19 janvier 2015

Piloérection et horripilation

“Some people just get under your skin”. Cette expression du langage, dont on pourrait traduire l’essence par le mot horripilation, décrit parfaitement cette réaction à la fois physiologique et psychologique qui se produit lorsqu’une personne ou une situation nous agace fortement. On dit aussi que ceci nous énerve ou tombe sur les nerfs. Quoiqu’il en soit, quelle que soit la cible ou la destination finale, pour parvenir jusqu’à nous, le message passe inévitablement par la peau.

Organe le plus étendu du corps humain, la peau est un remarquable conducteur de sensations tactiles, d’informations chimiques, électriques et d'autres stimuli relevant du sens du toucher et de la sensibilité (voir aussi Muer ou changer de peau).

Frontière poreuse entre l’intérieur et l’extérieur du corps, entre soi et l’autre, la peau est également une membrane sensible au contact que nous avons avec le monde externe. Le froid donne la chair de poule, la peur aussi.

À sa manière, et dans un langage qui lui est propre, la peau parle constamment. D’un côté, elle révèle notre état intérieur, exprime nos émotions, met à jour nos sentiments, comme les rougeurs de la timidité, de la honte ou de la colère par exemples. Bref, elle rend visible l’invisible. De l’autre, elle nous informe sur ce qui se passe dans notre environnement, sur la qualité de ces échanges que nous avons avec autrui sous forme de marques et d’impressions.

L’horripilation, quant à elle, se manifeste par un courant froid et désagréable traversant une partie du corps juste en dessous de l’épiderme. Infligé par la peur, le mépris ou le dédain, ce frissonnement inconfortable est un signal clair dans le langage du corps, celui de la répulsion.

Accompagnée d’un sentiment d’effroi, cette réaction soudaine et particulièrement intense parvient à elle seule à redresser les poils du corps (piloérection) en plus d’éveiller un profond et puissant réflexe émotionnel, sans aucun doute le plus primitif de l’organisme humain, le dégoût. Ce dernier prenant naissance dans les profondeurs de l’antre guttural, la nuque est généralement la première région touchée par cette vague glaciale sous-cutanée provoquant ainsi un crispant haussement des épaules, d’où la sensation de frisson dans le dos.

Mobilisant d’entrée de jeu la bouche en tirant vers le bas ses extrémités, le dégoût provoque momentanément une forte aversion indiquant sans équivoque une source hautement toxique, potentiellement empoisonnée, qu’elle soit alimentaire ou socio-affective.

Tel un cri sourd cutané, l’horripilation laisse toujours un arrière-goût dans le corps et à la surface de la peau.