lundi 1 septembre 2014

Les phéromones ou la chimie des peaux


Une promenade avec notre chien peut parfois s’avérer embarrassante. Chez la gent canine, toute rencontre avec un autre membre de son espèce implique nécessairement des reniflements mutuels des « extrémités ». Or, en se humant à cœur joie et sans aucune réserve, nos fidèles compagnons procèdent essentiellement à un échange d’informations.

Les phéromones sont des substances chimiques qui agissent comme « messagers » à l’intérieur d’une même espèce. Elles sont comparables aux hormones, issues du même système endocrinien ou neuroendocrinien. Alors que les hormones circulent à l’intérieur du corps, sécrétées par des glandes dites endocrines, les phéromones, elles, se trouvent à l’extérieur du corps, émanant de glandes exocrines. On les retrouve entre autres dans la salive, l’urine, les fèces, les sécrétions vaginales, ou encore à la surface de la peau en raison des glandes sudoripares.

Chez les animaux, les phéromones servent une fonction biologique essentielle à la reproduction. Doté d’une glande voméro-nasale responsable de leur traitement, c’est grâce aux odeurs que l’animal choisit le partenaire sexuel le plus favorable.

Chez les crocodiles, par exemple, durant la période de rut, les femelles libèrent des phéromones dans l’eau pour indiquer au mâle alpha, chef de la hiérarchie, qu’elles sont prêtes pour la copulation. Après que celui-ci ait complété un rituel faisant la démonstration de son pouvoir, la femelle décide alors si la copulation aura lieu ou non (à ce sujet, voir aussi Parades nuptiales; à venir).

Il en est de même chez les cervidés où un « échange » d’urine entre le mâle et la femelle a lieu sur le territoire avant l’accouplement. Muni d’un réflexe voméro-nasal appelé flehmen*, le mâle flaire les phéromones contenues dans l’urine de la femelle en gonflant les lèvres tout en soulevant légèrement la tête.

Chez les humains, en revanche, cet appareil voméro-nasal aurait disparu depuis belle lurette, atrophié par l’évolution du cerveau. Sujet à controverse, le rôle des phéromones chez les humains reste à être démontré. Selon plusieurs scientifiques néanmoins, il existerait un reliquat de l’organe et sa connexion au cerveau. Les odeurs humaines, la sueur notamment, contiendraient des informations chimiques, et même génétiques, qui expliqueraient l’attirance physique. Ces mêmes effluves seraient responsables de la synchronisation des cycles menstruels chez certaines femmes.

Si les phéromones étaient prouvées chez l’humain, peut-être expliqueraient-elles nos affinités avec quelqu’un, ou à l’inverse, notre incapacité à le « sentir » (voir aussi Subodorer). 

Comme quoi parfois, la chimie entre les corps s’exerce, ou non.

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*Mot allemand, se dit aussi muser en français.