lundi 18 août 2014

Subodorer


Essentiel chez les primates et particulièrement fascinant, le sens de l’odorat joue un rôle primordial à la reproduction et à la survie des espèces. C’est grâce au flair que l’on choisit sa nourriture, un partenaire et détecte aussi une bonne affaire.

Intimement lié au goût – autre sens chimique –, le sens de l’odorat permet de déceler les mauvaises odeurs qui émanent des aliments en état de putréfaction. La réaction de dégoût qui s’ensuit, réflexe émotionnel inscrit dans les régions les plus anciennes de notre cerveau, entraîne le rejet automatique d’une source potentielle d’empoisonnement.

Chez les animaux, c’est bien connu, l’odorat joue un rôle fondamental à la survie. Il permet de repérer des pistes menant à la nourriture ainsi que de flairer des partenaires sexuels potentiels. De même chez l’humain, les odeurs permettraient de choisir un partenaire sexuel « souhaitable », c’est-à-dire présentant des affinités ou avantages génétiques. C’est grâce aux phéromones que ces « échanges d’informations » ont lieu (voir Les phéromones ou la chimie des peaux).

Toutefois, principalement en raison de la bipédie, l’évolution du cerveau a accordé une plus grande place au développement du cortex visuel, et donc au sens de la vision, délaissant peu à peu l’usage de l’odorat et ses fonctions (voir La bipédie, une marche révolutionnaire). Il n’en demeure pas moins que les reliquats de notre cerveau olfactif demeurent connectés, eux, au « centre des émotions ».

En effet, les fibres olfactives qui tapissent les cavités nasales envoient leurs signaux aux bulbes olfactifs, partie intégrante du système limbique, siège des émotions, du désir et de l’instinct. C’est donc grâce à cette voie neuronale primitive qu’il nous est possible de « sentir » subtilement ce qui s’en vient, c'est-à-dire de subodorer, ou encore de détecter qu’une situation « sent mauvais ».

Aptitude instinctive à développer, l’art de humer et de pressentir permet de rester au parfum de son environnement.