lundi 21 mars 2016

Marche et démarche

Certaines personnes titubent lentement, d’autres avancent d’un pied ferme. Il y a ceux qui marchent sur les talons, ceux qui se traînent les pieds, ou encore ceux qui se déplacent le corps incliné vers l’avant en signe d’impatience ou d’ambition. Bref, la démarche en dit souvent long sur la personne. 

L’être humain est un animal bipède (voir La bipédie, une marche révolutionnaire) et la manière de marcher est plus souvent qu’autrement révélatrice, porteuse d’informations sur la personnalité, la façon d’aborder la vie ou encore de porter le passé.

Sorte d’ardoise sur laquelle s’inscrit notre parcours, le corps physique garde en mémoire certains évènements marquants, des plus douloureux aux plus époustouflants. À l’instar de l’arbre portant le nœud d’une blessure ancienne ou encore les contorsions de survie permettant de rejoindre la lumière, le corps présente habituellement des signes, des marqueurs somatiques susceptibles de révéler certains aspects de la personne, de son histoire, comme la posture, l’alignement du corps et de l’axe vertébral, l’enracinement des pieds, la fluidité des mouvements ou encore les traits du visage. 

Il y a la démarche lente et flegmatique, dévoilant parfois le lourd poids du passé ou encore la charge encombrante d’émotions inexprimées. La démarche rapide et empressée, voire agitée, quant à elle, manifeste bien souvent, une agressivité sous-jacente ou encore une colère non-dite, voire indicible, l’agitation se trouvant aux antipodes de l’état dépressif. 

Certaines personnes présentent une rigidité de corps (et parfois même d’esprit), signe d’un mécanisme de défense et de protection bien développé, ancré dans le corps, ayant servi à passer à travers les épreuves du passé ou encore à les éviter, la tension physique, tout comme l’apathie ou l’insensibilité par exemples, servant dans bien des cas à prévenir l’émergence d’émotions (voir aussi Apathie et états dissociatifs). 

Mais à travers toutes ces données somatiques, il faut également distinguer les types de personnalités ou encore les troubles de la personnalité. Les intellectuels, par exemple, qui habitent généralement peu ou partiellement leur corps, utilisent à souhait leur tête et la rationalisation comme moyen d’appréhender le monde, alors que la personnalité narcissique, qui se présente sous diverses formes corporelles, recherche son propre reflet dans le regard de l’autre. 

Évidemment, il y a autant de types de corps et d’explications symboliques qu’il existe d’espèces d’arbres et leur contexte de croissance. Encore faut-il porter attention à ce langage non-verbal dont la démarche est la signature.